Afin d’assumer sa responsabilité sociétale, l’université doit stimuler, favoriser et reconnaitre l’engagement de ses étudiant∙es, de ses chercheuses et chercheurs et de ses enseignant∙es, en interaction avec la société. Parce qu’il est parfois ressenti comme une mission moins valorisée d’une université essentiellement définie en fonction de critères d’excellence, le service à la société doit pouvoir devenir –pour celles et ceux qui le souhaitent- une partie intégrante de leurs programmes d’enseignement et de recherche. Cela implique de pouvoir encourager, soutenir et valoriser des dispositifs pédagogiques innovants, de type service learning (apprentissage académique par le service), et des programmes de recherche transdisciplinaires, construits autour du dialogue entre différentes disciplines et mobilisant des méthodes participatives dans le cadre de partenariats avec des acteurs et actrices économiques, politiques et associatif∙ves de la société.
Les dispositifs de type service learning, là où ils sont possibles et justifiés, agissent comme une interface entre les missions universitaires d’enseignement et de service à la société, et doivent pouvoir être soutenus, accompagnés et évalués.
Il est proposé que les pratiques d’enseignement de type service learning soient valorisées et soutenues par :
- La création de communautés de pratique et d’une offre de formation spécifique pour les enseignant∙es qui le souhaitent
- L’organisation d’événements destinés à valoriser les travaux des étudiant·es menés dans le cadre de telles pratiques
- Une meilleure reconnaissance de ces pratiques dans la charge académique, et au travers d’appels à projets spécifiques pour soutenir la recherche et l’enseignement sur le service learning
- La mise à l’agenda de cette thématique lors d’une prochaine “journée des responsables de programmes (JRP)”
- L’éligibilité de projets de ce type au financement par le Fonds de développement pédagogique (FDP)
Dans une même perspective, le rôle des étudiant∙es monitrices et moniteurs devrait aussi être valorisé : elles et ils doivent être formé∙es à la pédagogie (cours valorisable en crédits). Leur offrir une formation pédagogique institutionnelle permet aussi une ouverture à la multidisciplinarité.
Comme nombre d’entre vous l’ont expérimenté, l’engagement au service de la société, au service de l’institution ou dans les activités d’enseignement entraîne une réduction parfois importante du temps disponible pour la recherche. Par ailleurs, il semble également important d’accroître la réactivité de la recherche aux évolutions sociétales de même que la capacité de notre université de répondre à des sollicitations et de saisir des opportunités émanant d’acteurs sociaux. C’est dans cette double perspective qu’il sera proposé au Conseil de la recherche de créer et doter deux nouveaux fonds de recherche :
- Un fonds RESTART destiné à contrebalancer l’“Effet Matthieu” (mécanisme par lequel les processus de sélection des projets de recherche tendent à favoriser les chercheuses et chercheurs et équipes qui ont déjà obtenus des financement). Ce fonds doté de 500.000 EUR par an aura la particularité de mettre les projets en concurrence sur la seule base de leur valeur scientifique intrinsèque. Le CV du promoteur ou de la promotrice servira uniquement à s’assurer de sa capacité à conduire la recherche
- Un fonds d’opportunité stratégique : pour permettre à des équipes de pointe de répondre à des opportunités se présentant à courte échéance et s’inscrivant dans une démarche à fort impact potentiel pour l’UCLouvain et la société
En outre, et sans préjudice du soutien à la recherche fondamentale ou appliquée, notre université doit également encourager, soutenir et valoriser davantage les recherches collaboratives et transdisciplinaires. Ces recherches sont particulièrement adaptées à la résolution de problématiques sociétales et environnementales complexes dont la compréhension nécessite une pluralité de regards disciplinaires et la rencontre avec des personnes de terrain. Cela implique des processus de co-construction souvent coûteux en termes de temps et de ressources humaines. L’importance de ces processus et des défis particuliers qu’ils posent n’est à l’heure actuelle pas suffisamment reconnue.
A ce niveau, il est proposé de :
- Pérenniser et approfondir la pratique des mémoires interdisciplinaires “Oíkos”, actuellement en phase pilote dans le contexte du plan de Transition
- Créer un espace dédié pour l’accompagnement méthodologique, le soutien à l’évaluation et la valorisation de ce type de recherches inter- et transdisciplinaires, avec le double enjeu d’une valorisation utile pour la société et pertinente pour la communauté scientifique
- Augmenter l’enveloppe FSR pour l’ouvrir à ce type de recherche
Par ailleurs, notre université doit s’inscrire résolument dans une vision de formation tout au long de la vie (FTLV). Les enseignant∙es qui le souhaitent doivent pouvoir -dans le cadre de leur charge d’enseignement- s’engager dans des activités de formation continue, dont le déploiement participe de la capacité de l’université à réagir et s’adapter de manière agile aux besoins émergents d’une société en pleine mutation. La formation initiale et la formation continue (FC) méritent donc d’être repensées et articulées dans un continuum de FTLV. Ainsi, la réforme d’un programme de formation initiale peut-elle devenir une opportunité de développer un ou plusieurs modules de FC accessibles à des adultes en reprise d’études. Réciproquement, les innovations pédagogiques et technologiques expérimentées dans le cadre moins contraignant de la FC peuvent préfigurer les réformes de demain pour la formation initiale d’étudiant∙es et d’enseignant∙es plus en demande d’individualisation des parcours. Les systèmes d’apprentissage tout au long de la vie, par leur caractère adaptatif et inclusif, contribuent à l’atteinte de l’objectif de développement durable 4 (enseignement de qualité pour toutes et tous) et sont reconnus au niveau international pour leur efficacité et leur pertinence face à la complexité d’un nombre grandissant de défis sociétaux (Institut Unesco pour l’apprentissage tout au long de la vie). L’adoption d’une politique forte de FTLV qui estompe graduellement la division actuelle entre formation initiale et formation continue participe donc de la responsabilité sociétale de l’université.
Les propositions à ce niveau consistent à :
- Revoir le mode de gouvernance de la FC dans une perspective de FTLV, pour mutualiser les ressources mises au service de différentes initiatives participant de la FTLV, et partager les enseignements tirés de ces initiatives
- Promouvoir une meilleure reconnaissance de l’investissement des académiques dans la FC, au niveau de leur mission d’enseignement, et sensibiliser les nouveaux et nouvelles académiques sur l’intérêt de la FC dès le recrutement
- Maintenir/renforcer les ressources allouées au Louvain Learning Lab pour accompagner les enseignant·es dans les bouleversements pédagogiques induits par l’évolution des enjeux sociétaux, des attentes (exigences) des étudiant·es et des technologies, ainsi que par la diversification des modalités d’enseignement/apprentissage (micro-certifications, formation en alternance)
- Rechercher des alternatives pour soutenir le lancement, l’adaptation et la pérennisation de dispositifs de FC pertinents et nécessaires, y compris dans la dimension d’innovation et de recherche de financements spécifiques
- Inciter à la mutualisation des efforts aux niveaux facultaire ou sectoriel, afin de délester les académiques de la charge logistique et financière de la FC qui pèse sur leurs épaules, tout en veillant à protéger le caractère agile de la FC
Une politique culturelle ambitieuse et inclusive s'inscrit pleinement dans la responsabilité sociétale de l'université. L'UCLouvain peut s'appuyer sur de remarquables outils dont les plus connus sont le Musée L, le théâtre Jean Villar et la ferme du Biéreau. Je veillerai à faire de la culture un enjeu transversal et à renforcer l'articulation entre recherche, enseignement et culture. Je souhaite également mieux associer les différents sites à la politique culturelle de l'université. Les mesures suivantes permettront de poursuivre cet objectif :
- Augmenter le fonds Recherche-Création, qui a pour objectif de permettre le croisement entre arts et sciences, et le fonds de développement culturel ouvert à toutes et tous
- Envisager de prendre en compte les aspects culturels lors du dépôt de dossier auprès des fonds de recherche ou de développement pédagogique
- Encourager les initiatives culturelles de nos étudiant∙es
- Renforcer la cellule culture pour mieux prendre en compte le multisite et le succès du fonds Recherche-Création
- Optimiser les synergies entre les grands acteurs de la culture (Aula Magna, Jean Villar, Musée L, ferme du Biéreau)
- Soutenir le projet de Tiers-lieu de la ferme de Lauzelle